Le Jubilé des jeunes, un événement qui a donné matière à réflexion. À Tor Vergata, les jeunes ont "couronné" leur pape.
PAPE

Le Jubilé des jeunes, un événement qui a donné matière à réflexion. À Tor Vergata, les jeunes ont "couronné" leur pape.

Editorial d'Andrea Riccard paru dans Famiglia Cristiana

À la recherche de réponses, les jeunes ont trouvé en Léon XIV le guide qui les aidera à avancer vers l'avenir.

 

Nous sommes dans une période où beaucoup se rassemblent lors des grands événements de l'Église après Pâques. Sans craindre d'être une foule, peut-être parce que les gens se sentent membres d'un peuple. Sur la place Saint-Pierre et dans les rues de Rome, les funérailles du pape François ont réuni des fidèles, des délégations officielles, des gens de toutes origines. La file d'attente continue que l'on observe devant sa tombe à Sainte-Marie-Majeure est un signe de fidélité à la mémoire d'un homme qui a laissé une empreinte. Il ne s'agit pas d'un épisode terminé. Une grande attente a été exprimée à l'égard de son successeur. Pas celle de ceux qui espéraient un pape décidant d'inverser la tendance de Bergoglio ni, au contraire, un pape qui serait son clone. Pas une attente ecclésiastique, celle des bavardages qui fuitent des palais romains ou des instituts cléricaux en direction des journaux et en sens inverse. 

 

Il y avait une attente populaire, expression du besoin d'un pape : un témoin de l'Évangile et un homme de paix, sans autre intérêt que celui de l'humanité, parce qu'homme de Dieu. Beaucoup de gens se sont rendus à l'inauguration du pontificat de Léon XIV, pape encore peu connu mais qui, immédiatement après son élection, a prononcé quelques mots justes et clairs, nous rassurants dans la tempête de notre époque. On aurait pu considérer que la parenthèse extraordinaire de la vie de l'Église était close. 

 

Au contraire, le Jubilé des jeunes a été un événement qui a donné matière à réflexion. On prévoyait un demi-million de jeunes sur l'esplanade des JMJ de 2000, sur laquelle Jean-Paul II, alors malade, s'était montré heureux d'être en compagnie des jeunes. Ils sont venus deux fois plus nombreux. Pourquoi ? 

 

Ces jeunes, différents de ceux de l'an 2000, sont en recherche, dans un monde marqué par de grandes peurs et une importante perte de repères. En France, à Pâques, 18 000 baptêmes d'adultes et de jeunes ont été célébrés. Je ne veux pas acclamer la renaissance. Je respecte trop ces jeunes pour violer le silence avec lequel ils ont assisté à l'ancien « rite » de l'adoration eucharistique. Un silence plein de questions, de prières, d'attente, de craintes. Il est difficile d'être jeune dans une Europe où le peu de jeunes est écrasé par les adultes. Il en va de même pour ceux du Sud du monde, où ils sont nombreux mais ont peu de perspectives d'avenir. 

 

Heureux de se mêler aux autres, enfants de pays et de continents différents, les jeunes sont allés à la rencontre du pape Léon. Lui est venu parmi eux. Il ne s'est pas présenté comme leur leader, mais comme un aîné, un homme qui a connu le monde du XXe siècle, un chrétien, un pape, qui veut marcher avec eux vers le cœur du XXIe siècle, vers l'avenir. Il a parlé calmement, sans s'imposer. Les jeunes l'ont écouté, applaudi et se sont joints à lui en silence dans la prière. 

 

Pour moi, sur l'esplanade de Tor Vergata, a eu lieu le « couronnement » de Léon XIV par le peuple de l'avenir, qui a décidé de marcher avec « son » pape. Un pape sans couronne ni sceptre, qui a fait sa proposition : « L'amitié peut vraiment changer le monde. L'amitié est un chemin vers la paix ». 

 

Les jeunes ont beaucoup apprécié. Mais les jeunes comptent peu aujourd'hui, même dans l'Église. L'Église des adultes ne devrait-elle pas se laisser guider par leur élan ? L'amitié ne devrait-elle pas être le signe d'une nouvelle ère pour l'Église, plutôt que quelques nominations nouvelles ? C'est le signe de ce qu'écrivait Romano Guardini : « L'Église se réveille dans les âmes ». Il me semble que c'est ce qui est en train de se passer, du moins je l'espère.

 

Éditorial d'Andrea Riccardi paru dans Famiglia Cristiana du 17/8/2025

 

[traduction de la rédaction]


[ Andrea Riccardi ]